vendredi 18 décembre 2009

La permanence du mouvement








Photos des oeuvres d'Andy Goldsworthy

Nous recherchons la permanence là où elle ne se trouve pas : dans les objets que nous convoitons, dans les lieux que nous occupons, dans les liens qui nous unissent à d'autres, dans les idées, dans les serments, dans la continuité de notre personnalité. Jamais là où elle se trouve : dans la transformation et le mouvement. Chercher la permanence dans le mouvement peut sembler paradoxal voire provocateur et pourtant!

Nous n'avons de cesse de maudire le temps qui passe, le corps qui change, les liens qui se brisent. Peu de place pour la gratitude, pour cet instant toujours nouveau, pour ces rencontres qui nous nourrissent, pour ce monde qui se déploie à chacun de nos pas. Nous n'y pensons pas mais quel que soit l'endroit où nous mènent nos pas, le monde est là! Que je décide de tourner à gauche ou à droite, le monde se déplie à gauche ou à droite. Et même si je poussais le défi d'aller au bout de l'univers, le monde continuerait à se déployer. Aurais-je touché la limite du visible, se déploie alors l'invisible sans fond et sans bord.

Aucune gratitude pour l'aube qui se lève, comme si c'était gagné d'avance ! Aucune gratitude pour cette faculté de jouer, option offerte avec le ticket de vie mais qu'il nous faut valider, accueillir, honorer en permanence. Expérimenter, nous ne savons plus faire. Essayer par nous-mêmes, sourds à la peur de l'autre, préférer goùter que recevoir le goùt à travers l'idée d'un autre, qui lui-même l'a reçu de la peur d'un autre! quand cette chose-là a-t-elle été goùtée pour la dernière fois ? Toujours offerte, disponible, et pourtant jamais touchée parce qu'emballée et étiquetée pour être vendue, stérilisée par l'analyse, lyophilisée pour tenter de la conserver ; il en est ainsi de la sexualité, de l'amour, du sentiment, de l'émotion!

La permanence dans la transformation et le mouvement! accepter que rien ne soit comme je m'y attends, que rien ne prenne la forme que j'ai imaginée, que plus rien de ce que j'ai appris de l'autre ne soit vrai aujourd'hui, que rien de ce que je sais de moi soit encore véritablement moi. Que reste-t-il alors de nos certitudes, de nos fondations ? Il reste l'humilité ! Comment pourrait-il en être autrement ? Comment ne pas être humble lorsqu'il m'a fallu plus de 40 ans d'efforts, de souffrances, d'actions, de conquêtes et de désastres pour retrouver celui que j'étais en naissant ?

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