dimanche 5 décembre 2010

Apprendre à faire silence

"Il suffit de nous observer une bonne fois, quand nous ne sommes pas occupés et que notre attention n'est pas retenue par le travail, la lecture ou toute autre activité. À quoi pensons-nous ? Quelles sont les pensées qui surgissent en nous, quand nous nous promenons ou quand nous attendons chez le dentiste ou à la gare ? Qu'est-ce qui nous passe par la tête avant de nous endormir ? Ces pensées qui nous viennent spontanément à l'esprit nous dévoilent notre état intérieur. Les moines avaient recours à ces pensées pour examiner si l'un des huit vices les concernait : goinfrerie, luxure, cupidité, tristesse, colère, acédie, vanité ou fierté. Nous pouvons en faire l'expérience : nous constaterons, quand nous faisons silence, le nombre de fois où nous pensons à manger, ou le nombre de fois où nous désirons posséder quelque chose, où nous rêvons à des choses qui nous semblent désirables, une voiture, un disque ou un pull-over. Des désirs sexuels peuvent aussi nous habiter. Ou nous nous laissons aller à des pensées de colère ou de tristesse. De nos jours, il est de bon ton de se dire frustré et de se laisser absorber par des sentiments de frustration, au point que tout un chacun peut les lire sur notre visage. Les anciens moines diraient que celui-là est déjà possédé par le vice de la tristesse. Ou bien que parfois nous nous emportons intérieurement contre autrui. Dans notre silence, nous inventons de brillants discours, destinés à montrer aux autres que nous sommes dans notre droit et que nous leur sommes supérieurs. Ensuite, dans notre silence, nous savourons notre colère et nous l'entretenons par une argumentation et des invectives que nous poursuivons en nous-mêmes. D'autres se lamentent sur leur sort, en se disant en ces moments de calme intérieur, que rien n'a de sens et que tout est insensé, bref qu'il est inutile de s'engager. Tel serait le vice de l'acedia. Il y a des personnes qui dans leur silence se représentent la prochaine séance qui aura lieu sur la scène du théâtre de leur vie. Ils la répètent pour les spectateurs, devant qui ils désirent jouer leur rôle, pour être applaudis. Dans leur silence, ils imaginent des réparties qu'on pourrait admirer, afin d'attirer l'attention sur eux. Ou bien ils s'admirent eux-mêmes. Ils ne cessent de se dire combien ils sont importants et comme le monde devrait se réjouir qu'ils existent avec leurs qualités, leurs aptitudes et leurs talents. Leurs pensées gravitent uniquement autour d'eux-mêmes, de leur importance et de leur originalité. On a beau se taire extérieurement mais à l'intérieur de nous-mêmes, on ne cesse de parler. En nous, parlent les pulsions inassouvies, les aspirations insatisfaites ; en nous parlent les émotions et les impressions, en nous parlent la vanité et la vantardise. Le silence extérieur ne veut rien dire de notre capacité à faire silence à l'intérieur de nous-mêmes. Or c'est ce silence intérieur que les moines recherchent finalement."

Anselm Grün

Aimer

"Qu'est-ce que c'est, aimer. Ce n'est pas s'enfermer dans la même maison, s'étouffer dans la même parole, s'assombrir dans la même histoire. Ce n'est pas remplir un vide, effacer une distance. Aimer c'est prendre soin de la solitude de l'autre - sans jamais prétendre la combler ni même la connaître."

Christian Bobin, La merveille et l'obscur

La tolérance

"La tolérance n'est pas une concession que je fais à l'autre, mais la reconnaissance du principe que la vérité m'échappe"
Paul Ricoeur

mardi 16 mars 2010


Il y a un certain vertige à penser que nous ne savons rien de l’instant suivant ! Mais ce vertige loin de nous enivrer, nous foudroie. Notre nature ayant horreur du vide, notre mental projette ses habitudes, ses présupposés, ses idées toutes faites. De lacunes comblées en failles maquillées, bientôt le vide se comble. Surtout fuir la sensation du vide, fuir la sensation de manque !
Pourtant notre expérience quotidienne nous montre à quel point notre mental se trompe. Il ne devine jamais. Rien. Il pronostique systématiquement la répétition, là où règne la nouveauté. Pourquoi ? Notre cerveau procède par regroupement et analogie. Dans son travail de représentation et de reconnaissance de la réalité environnante, sa première mission est de comparer les représentations naissantes aux représentations connues. Et le traitement de l’information connue est bien plus rapide. Ainsi la tendance, hors vigilance consciente particulière, est d’ignorer les différences. C’est pourquoi nous évoluons dans un décor de carton-pâte où tout semble identique d’un instant à l’autre, immuable comme le décor de notre maison, notre immeuble, notre chambre ou notre trajet quotidien. Bien sûr si nous regardions avec attention nous noterions les différences, les évolutions, les transformations. Mais dans notre course effrénée, nous assurons nos pas dans notre décor mental.
Donc notre cerveau ne nous donne pas accès à ce qui nous entoure, mais à une représentation « de ce que nous connaissons de ce qui nous entoure ». Nous ne démontons jamais le décor qui a servi à la pièce jouée la veille.
La seconde raison qui nous incite à la répétition en place d’un dévoilement, c’est notre ignorance. Ignorance de ce qui se passe en nous et autour de nous, dans l’univers du vivant. Je vais illustrer ce fait par une expérience de pensée (processus cher à Einstein). Imaginons que nous soyons assis seul dans une pièce. Ce qui perpétue l’illusion d’un moment suivant connu, c’est qu’il nous semble que rien de nouveau ne va se passer, aussi longtemps que nous ne bougerons pas. Poursuivons : Imaginons que nous ne bougions pas. Rien ne se passe ? En apparence seulement!
Et pourtant ! Tout bouge à chaque instant ! Tout se transforme ! Nous le savons, mais cette pensée est devenue un concept, c'est-à-dire un élément de connaissance, un savoir vidé de l’expérience intime qui a généré la prise de conscience de ce phénomène. Pourquoi le percevons-nous lorsque nous regardons une rivière et l’ignorons-nous lorsque nous sommes assis seul dans une pièce ? Si nos yeux ne perçoivent pas de mouvement, alors pour notre mental rien ne bouge. La prédominance du visible sur l’invisible est devenue telle qu’elle occulte la face cachée de l’existence, pourtant la plus importante.
Si nous revenons à notre position assise dans une pièce…
Nous nous considérons comme un corps, expérimenté à travers notre vision spéculaire. Ce corps semble être une enveloppe qui nous sépare des autres, de ce qui nous entoure, et ce qui se passe à l’intérieur de nous. En fait, rien n’est séparé et tout ce que nous sommes nous échappe. De notre corps nous ne connaissons que notre peau (enveloppe extérieure) et de notre esprit, nous ne sommes conscients que de nos mots (enveloppe extérieure de notre pensée). Constat accablant mais plein d’espoir.
Si nous échappons un instant à notre regard qui disqualifie notre expérience intime, que percevons-nous ?
En quinze minutes d’apparente immobilité, voilà ce qui s’est déroulé à l’intérieur de nous, de manière irréversible : nous venons de perdre 150 000 particules de peau. Nos 120 millions de photorécepteurs n’ont jamais cessé de convertir la lumière en impulsions électriques pour que l’image de la pièce dans laquelle nous sommes assis, puisse continuer à nous apparaître comme…identique. Mobilisant au passage un tiers de la puissance de notre cerveau simplement pour comparer d’instant en instant, l’image qu’il vient de former avec les impulsions électriques, qu’il a converti l’instant précèdent et dans un processus constant d’anticipation de ce qu’il doit y trouver.
Si nous avons pu rester assis sans tomber, c’est parce que au fond de notre oreille, trois petits tubes emplis de liquide, agissant comme des niveaux à bulle ajustent en permanence notre sensation d’équilibre. Et si par moment nous bougeons légèrement la tête, les fluides vont se déplacer en stimulant des cellules nerveuses qui vont orienter le cerveau dans les 3 dimensions (haut/bas – Droite/gauche – Avant/arrière). L’ondulation de l’air qui percute nos oreilles à 1 200km/h va générer des sons, en faisant bouger 3 petits os qui vont exercer par leurs mouvements, des points de pression qui vont faire vibrer des cils, qui vont à leur tour activer des cellules nerveuses, qui vont générer des impulsions électriques, qui pourront être décryptées par notre cerveau.
Nous aurons inspiré et expiré 200 fois, échangeant à chaque fois un demi litre d’air dans cette pièce. Et à chaque inspiration, nous aurons mobilisé au niveau nasal, les 10 millions de cellules capables de capter les odeurs et d’en distinguer à chaque souffle près de 10 000.
Ce souffle va activer la pompe cardiaque plus de 200 fois. Dans cette pompe, plusieurs millions de cellules vont battre à l’unisson pour faire circuler l’oxygène dans nos veines, artères et capillaires, sur un parcours de plus de 90 000 Kms (2 fois la circonférence de la terre) chaque minute. Dans nos os, au cœur de notre moelle, vont naître dans ce quart d’heure d’immobilité, 1,8 milliards de globules rouges porteurs d’oxygène et 100 millions de globules blancs producteurs d’anti-toxines.
Et si cette personne est de sexe masculin, alors qu’aucune idée érotique ne la traverse, elle va produire 900 000 spermatozoïdes.
Voir notre corps comme une rivière !
Mais il se trouve que nous ne sommes pas qu’un corps. Notre être s’étend au-delà de notre corps physique car nous sommes aussi un corps social. Ainsi même dans notre immobilité apparente, nous évoluons, nous changeons au-delà de notre corps physique. Notre corps social se modifie par les évènements qui se passent quelque part ailleurs. Dans notre milieu professionnel, familial, sentimental, amical, financier…des centaines d’évènements impactent les gens faisant partie de notre monde relationnel. Sans compter ce qui se passe chez ceux que nous ne connaissons pas encore et que nous allons rencontrer!
Nous ne savons rien de l’instant suivant !
Est-ce que cela doit être un sujet d’inquiétude ou de vulnérabilité ? Pour notre mental, constamment en quête de réassurance et de sécurité, oui ! Mais si nous savons apaiser notre mental, ne pas lui donner trop d’énergie en croyant à ses représentations. Si nous instaurons un doute sur la véracité du programme minimum qu’il nous propose, si nous intégrons le mystère lié à tout ce qui nous est invisible, alors un monde mystérieux se révèle, coloré, plein d’éclat. Tout est nouveau à chaque instant. L’inattendu, la surprise, les rencontres peuvent alors surgir là où notre mental nous projetait un monde de répétitions. Le monde se révèle vêtu de neuf, grandiose.
Lorsque nous sommes tout à coup tristes, sans raison, simplement parce que rien de réjouissant ne se profile à l’horizon, relisez cet article et faites de la place dans votre tête. Vous constaterez alors que vous avez raison sur un point : rien ne se produira à l’extérieur. Car tout y est déjà. La seule différence, c’est que peu à peu vous discernerez ce qui vous était invisible, le mouvement incessant, le flux inaltérable de la vie, sa profondeur. Lorsque notre regard change, le monde se transforme, s’agrandit. Nos yeux s’ouvrent alors sur un monde incroyablement vaste, animé par une danse magique dont nous pouvons percevoir le rythme.
Toussaint Corticchiato

vendredi 26 février 2010

Hommage à Didier Dumas






Didier Dumas nous a quitté dimanche dernier. Ce matin, dans quelques minutes, il sera incinéré à Arcueil. C'est pour moi l'occasion de rendre hommage à ce grand chercheur. D'autres que moi en feront l'éloge, listant ses apports au monde de la psychanalyse et de l'analyse transgénérationnelle, soulignant son engagement dans le chamanisme urbain ou son soutien à la psychophanie...


Je ne retiens qu'une chose : un être profondemment attentif (d'une attention particulière, de l'ordre de la Présence) animé d'un souffle qu'il savait partager comme nul autre.

De mon travail avec Didier en analyse ou en chamanisme, je garde cette Presence et ce Souffle qui m'anime aujourd'hui.
En quête d'un père, il m'a offert ses structures mentales pour me permettre de me construire, à mon rythme; dans une liberté d'être, dans une sécurité intérieure qui ne m'a plus quittée.

Mais j'ai toujours senti une exigence chez Didier, celle de la nécessite de "prendre son pouvoir", trouver sa liberté d'être, hors des concepts, des dogmes, du regard de l'autre. Cet homme "qui ne prenait ses ordres que d'en haut" avait ce don particulier, cette énergie communicative qui obligeait à se mettre en mouvement. Et très souvent ce mouvement s'est traduit pour ceux qui l'ont côtoyé par l'obligation de transmettre ce qui dans la relation émergeait.

Je lui exprime toute ma gratitude. Il rejoint dans mon coeur d'autres "êtres de tonnerre" que furent Chritiane Singer ou Yvan Amar partis eux aussi bien tôt.

jeudi 4 février 2010

L’enfer, le paradis et la longue cuillère

Ti-Jean était de ces vauriens qui ont leurs entrées chez les anges.
Les fées, les démons, les archanges, les quatre filles de Satan étaient de ses fréquentations. Bref, il était partout chez lui. Il se trouva donc, un beau jour, en vacances dans l’au-delà, invité par saint Théodule, un vieil ami de ses parents.
Le bienheureux lui proposa (il voulait lui faire plaisir) quelques visites culturelles au musée de l’art de mourir, au palais du roi des fantômes, au zoo des bêtes à Bon Dieu et autres lieux du pays ordinairement fréquentés par les touristes trépassés.

Ti-Jean consulta les brochures que lui vantait le saint patron, puis il fit la moue et lui dit :
- Ta générosité m’émeut, mais des parcs et des monuments nous en avons chez les vivants à ne plus savoir où les mettre. Par contre, nous ne connaissons, dans nos royaumes rationnels, que des paradis minuscules et de ridicules enfers. J’aimerai visiter les vrais.
- Rien de plus simple mon garçon, lui répondit l’auréolé. Les voilà donc au seuil discret d’un de ces restaurants de luxe où l’on ne parle qu’à mi-voix. Deux laquais devant eux se courbent, leur prennent vestes et chapeaux.
- Au sous-sol, messieurs ? À l’étage ?
- Au sous-sol, dit saint Théodule.


Rectification de cravate, clin d’oeil à Ti-Jean ébahi.
- Mieux vaut commencer par l’enfer. Après toi. Attention aux marches.
Ils y descendent. Et que voient-ils ? Une immense salle à manger aux quatre murs indiscernables, une table unique mais longue, si longue qu’elle se perd au loin, dans les brumes de l’infini. Sur cette table, des soupières parfumées comme à la Noël, des langoustes, des plats de riz, de la viande aux épices rares, des desserts à la chantilly, bref un festin de rois gourmands.
Mille convives se font face, chacun armé d’une cuiller au manche plus long que le bras. Chacun l’emplit, mais comment faire pour la retourner proprement vers la bouche tordue, béante ? Ce diable de manche est trop long ! On râle, on peste, on tend le cou, on en tombe sur le parquet, on se barbouille le plastron, on meurt de faim dans l’abondance.

- Ils sont stupides, dit Ti-Jean.
- Non, damnés, répond Théodule. Viens à l’étage maintenant.
Ils remontent. Rez-de-chaussée, escalier raide et là, surprise. Même salle de restaurant, même table aux fonds embrumés, même festin, mêmes convives, même cuillers démesurées. Mais on mange, ici, on savoure, on se pourlèche, on rit aussi.
Chacun nourrit celui d’en face. Ti-Jean sourit.
- Le paradis ?- Tout juste, répond Théodule. J’ai un creux. Allons déjeuner.

Henri Gougaud

lundi 1 février 2010

"Légende de la bague royale" de Baruch Haday

Le Roi Salomon, l’homme le plus sage de la terre, avait parmi ses serviteurs un favori. Pourquoi? Parce qu’il faisait parfaitement tout ce qu’il lui demandait de faire. Mais les autres serviteurs du palais devinrent très jaloux. Le Roi savait que la jalousie est un vilain défaut et qu’il devait y mettre fin.
Aussi décida-t-il de confier à son serviteur un travail impossible à exécuter. Quand il constaterait que le serviteur n’avait pas réussi dans sa tâche, il le convoquerait devant tous les autres et le remettrait à sa place afin que tout le monde jouisse du même traitement et qu’il n’y ait plus de jalousie dans le palais.

Ainsi le Roi appela son serviteur un mois avant la pâque juive et il inventa une histoire. Il dit à son serviteur qu’on lui avait parlé d’une bague spéciale qui avait ce caractère particulier: quand on la portait dans la tristesse, on devenait heureux, et quand on la portait dans la joie, on devenait triste. Le Roi dit: “Je la veux. Peux-tu la trouver?”
“T’ai-je jamais déçu?” répondit le serviteur. “Bien sûr, je peux la trouver!”
“Très bien” dit le Roi. “Apporte-la moi le premier soir de Pâques.”

“Pâques?” demanda le serviteur “c’est dans un mois, je peux vous l’apporter dans deux jours.”
“Non, non” dit le Roi, “offre-la moi pour Pâques et donne-la moi le soir du dîner de Seder.”
“Oui, mon Roi”, dit le serviteur.
Celui-ci choisit des amis, les divisa en quatre groupes dont un partirait vers le Nord, un autre vers le Sud, un autre vers l’Est, un autre vers l’Ouest. Il leur dit: “allez votre chemin, arrêtez quiconque et parlez-lui de la bague. S’il sait quelque chose ou a entendu parler de quelque chose, revenez me le dire. Ainsi nous pourrons aller chercher la bague et la rapporter au Roi.”

Au bout de deux ou trois jours la première mission revint mais “Nada” (bien sûr puisque le Roi avait fabriqué l’histoire de toutes pièces et qu’une telle bague n’existait pas).
La seconde mission revint bredouille, de même que la troisième et la quatrième. Trois semaines s’étaient maintenant écoulées et le serviteur devint de plus en plus nerveux. Le “Seder” devant avoir lieu dans une semaine, il devait lui-même trouver la bague. Il allait de place en place, de village en village, de ville en ville, de maison en maison, de porte en porte, ne dormant plus, ne mangeant plus, posant à chacun la même question mais “Nada”. La veille du “Seder”, il revint à Jérusalem mais il avait peur de se retrouver au palais, chacun parlait de lui et disait qu’il était devenu fou.
Il se retrouva par hasard dans le quartier le plus pauvre de la ville et là, au fond d’une allée, il aperçut une toute petite échoppe à l’intérieur de laquelle se trouvait un vieil homme, un joaillier.

Il se dit en lui-même “si j’arrive pas à trouver la bague peut-être ce vieil homme pourrait-il la fabriquer? De toutes façons je n’ai plus rien à perdre, je vais lui poser la question.”
Il entra dans la boutique et dit à l’homme: “le Roi désire une bague qui rende triste quand on est heureux et heureux quand on est triste. Peux-tu fabriquer une telle bague?”
Le joaillier réfléchit une seconde et répondit: “bien sûr, c’est un jeu d’enfant.” Il prit une des bagues qui était sur la table et y grava quelque chose en hébreu.
Le serviteur était un esclave et il ne savait pas lire. Il prit la bague et s’en fut.Au palais, tout le monde était au courant de l’histoire et attendait la suite avec impatience. Le Roi était présent, un grand sourire sur le visage. Le serviteur était dans un coin, priant pour que le roi ait oublié son voeu. Mais le Roi lui fit signe d’avancer. Silence. Chacun tentait de s’approcher pour mieux entendre. Le serviteur était terrifié, il vint auprès du Roi en tremblant, les yeux rivés au sol. Le Roi sourit et lui demanda: “Alors, tu as la bague?”
Le serviteur était si effrayé qu’il murmura d’une voix brisée: “J’espère, mon Roi...”
“Je n’entends rien” dit le Roi.
“J’espère” dit le serviteur plus fort.
“Tends-la moi”, dit le Roi. Le serviteur lui donna la bague d’une main tremblante. Le Roi la prit avec le même grand sourire et la mit à son doigt puis il lut ce que le vieil homme avait gravé. Son visage devint triste tout-à-coup. Quand le serviteur se rendit compte de la tristesse de son Roi, il sut qu’il avait trouvé la bague inespérée.
Sur la bague étaient inscrits ces quelques mots en hébreu “Gam Ze Ya-avor”, ce qui veut dire:“Cela aussi passera

samedi 30 janvier 2010

L'oubli de Présence

"La vie se passe en absences, on est toujours entre le souvenir et l'espérance..."

Marie de Vichy Chamrond, Marquise Du Deffand

jeudi 28 janvier 2010

Chercher l'amour

"Ta tâche n'est pas de chercher l'amour, mais simplement de chercher et trouver tous les obstacles que tu as construits contre l'amour."

Mawlana Jalal-ud-Din Rumî

samedi 23 janvier 2010

Art de vivre

Le véritable art de vivre n'est pas la connaissance mais la réceptivité au mystère.

vendredi 22 janvier 2010

Nos libertés

Le monde dans lequel nous nous sommes incarnés nous offre 3 libertés :
1) Celle de choisir notre chemin et les évènements qui le jalonnent
2) La manière de recevoir ces évènements
3) La possibilité d’éclairer, de revisiter notre passé. Donc de modifier notre mémoire et ainsi changer efficacement le monde dans lequel nous évoluons c'est à dire la représentation que nous en avons.

A cette triple liberté nous répondons le plus souvent par la peur, la souffrance ou la loyauté familiale.

Toussaint Corticchiato

samedi 16 janvier 2010

Être en relation

"Une idée longtemps prédominante en biologie a été que la disparition de nos cellules – comme notre propre disparition en tant qu’individus – ne pouvait résulter que d’agressions de l’environnement, d’accidents, de destructions, de famines, d’une incapacité intrinsèque à résister au passage du temps, à l’usure et au vieillissement. Mais au long de cent cinquante ans d’interrogations, de perplexité et de recherches qui se sont longtemps poursuivies dans l’obscurité avant d’émerger en pleine lumière, la réalité s’est progressivement révélée de nature plus complexe et plus paradoxale.

Aujourd’hui nous savons que toutes nos cellules possèdent, à tout moment, la capacité de déclencher leur autodestruction, leur mort prématurée, avant que rien, de l’extérieur, ne les détruise. C’est à partir de leurs gènes – de nos gènes – que nos cellules produisent les « exécuteurs » moléculaires capables de précipiter leur fin, et les « protecteurs » capables un temps de neutraliser ces exécuteurs. Et la survie de chacune de nos cellule dépend, jour après jour, de la nature des interactions provisoires qu’elle est capable d’engager avec d’autres cellules de notre corps, interactions qui seules lui permettent de réprimer le déclenchement de l’autodestruction.

Une cellule qui a vécu un jour, un mois, ou un an dans notre corps est une cellule qui, pendant un jour, un mois ou un an, a réussi à trouver dans son environnement les molécules, fabriquées par d’autres cellules, qui lui ont permis de réprimer son autodestruction. Une cellule qui commence à mourir dans notre corps est, le plus souvent, une cellule qui, pour la première fois, vient de cesser de trouver dans son environnement les molécules nécessaires à la répression de son autodestruction.
Ces données ont commencé à modifier les représentations que nous nous faisons de la mort. À l’image ancienne de la mort comme une faucheuse, surgissant du dehors pour détruire, s’est surimposée, au niveau cellulaire tout du moins, une image nouvelle, celle d’un sculpteur, au cœur du vivant, à l’œuvre dans l’émergence de sa forme et de sa complexité. Et ces données ont aussi commencé à modifier les représentations que nous nous faisons de la vie, au niveau tout du moins des cellules qui nous composent.

Nous percevons habituellement la vie comme un phénomène positif, qui va de soi, mais ces notions que je viens d’évoquer suggèrent qu’elle résulte de la négation continuelle d’un événement négatif, de la répression continuelle d’une autodestruction. Nous percevons habituellement la vie comme un phénomène individuel – une cellule vit – mais ces notions suggèrent que la vie a aussi une dimension collective. En d’autres termes, lorsque nous observons une cellule et que nous nous demandons quels sont les éléments qui sont à la fois nécessaires et suffisants à sa survie, nous ne pouvons pas véritablement répondre si nous oublions qu’une partie de la réponse est « la présence d’autres cellules ».
Nous sommes des sociétés cellulaires dont chacune des composantes vit en sursis, et dont aucune ne peut survivre seule. Et c’est de cette précarité même, de cette fragilité, de cette vulnérabilité et de l’interdépendance absolue qu’elles font naître que dépend notre existence en tant qu’individu."
JC AMEISEN

lundi 4 janvier 2010

Un outil de croissance

"Si quelqu'un me guérit et me retire mon mal, j'entends aussi qu'il me hisse au niveau de conscience que j'aurais atteint si j'avais moi-même résolu ce que ce mal devait m'apprendre. Sinon, s'il me laisse dans le même état de conscience après m'avoir retiré mon mal, il me vole l'outil de ma croissance que peut être cette maladie."

Yvan amar