samedi 5 février 2011

Amalgame

J’ai lu dans un magazine un amalgame fâcheux. Cet article vantait les mérites d’une médecine centrée sur la personne en opposition à une médecine de masse. Il me semble illégitime de présenter la médecine de la personne comme la solution pour vivre en bonne santé. Je crois que nous cédons à la facilité. Aucune médecine ne nous permettra de vivre en bonne santé, tout simplement parce que nous sommes mortels. C’est cette aberration qui faisait dire à une admiratrice de Christiane Singer : « Comment une femme aussi éveillée a-t-elle pu mourir d’un cancer ? » Il y a dans cette remarque désabusée, le poison distillée par nos conceptions binaires de la vie. Nous avons tendance à remplacer une idéologie par une autre. La médecine de la personne fera sans doute moins de dégâts que la médecine de masse mais elle n’empêchera jamais ni la maladie ni la mort. Et heureusement !
Dans ces oppositions nous passons à côté du sujet. La médecine de masse a permis d’éradiquer un certain nombre de maladie, d’en soulager d’autres. Elle est à bout de souffle parce que soumise aux marchés. La médecine de la personne apporte un nouvel état de conscience et c’est en cela qu’elle est importante. Elle doit nous permettre d’être plus en accord avec nous-même, plus en lien avec notre environnement, mais ces bénéfices ne peuvent se donner sans un lâcher prise ! Abandonnons l’idée de guérir définitivement et nous serons sauvés. Porter un regard différent sur soi et le monde est déjà bien suffisant. Ne demandons pas plus à cette médecine. Car alors nous passerions de la vision d’une attaque extérieure (virus…) à une culpabilité intérieure (Qu’est-ce que je n’ai pas compris ?) L’idée sous-jacente étant une immortalité pour ceux qui posséderaient la connaissance : la bonne médecine, la bonne pratique de santé corporelle ou de purification, la bonne hygiène alimentaire, la bonne thérapie psychique... Et le système serait bouclé, nous n’aurions que changer le flacon tout en restant dans notre aveuglement. La transformation par le médicament, ça n’existe pas mais l’immortalité grâce à la transformation encore moins.